Le rapport sur le coût total est arrivé. Les sociétés de gestion de patrimoine sont-elles prêtes?
juillet 10, 2025
Par Adam Beach, Vice-Président, Expérience Client, Infinite Investment Systems
L’industrie canadienne de la gestion de patrimoine entre dans une nouvelle ère de transparence — et avec elle, une complexité accrue. À compter de 2026, les sociétés devront se conformer aux exigences du rapport sur le coût total (TCR) mises en place par les Autorités canadiennes en valeurs mobilières (ACVM) et le Conseil canadien des responsables de la réglementation d’assurance (CCRRA).
Ces changements ne sont pas qu’une formalité réglementaire. Ils représentent un virage fondamental dans la manière dont nous communiquons la valeur aux clients, et dans la façon dont les firmes doivent gérer leur infrastructure opérationnelle et leurs données pour rester conformes. En tant qu’ancien chef de la conformité, j’ai vu de près comment un changement réglementaire peut chambouler les opérations, les interactions avec les clients et le travail des conseillers. Le TCR n’échappe pas à cette réalité, mais bien abordé, il peut aussi représenter une opportunité.
Qu’est-ce que le rapport sur le coût total?
Essentiellement, le TCR vise à offrir aux investisseurs de détail une vision plus claire du coût total lié à la détention de produits de placement. Pour la première fois, les relevés annuels devront inclure l’impact combiné des frais intégrés — comme les ratios de frais de gestion (RFG) et les frais de négociation — en plus des frais déjà divulgués sous CRM2, tels que la rémunération des conseillers et les frais directs.
Cela touche l’ensemble des fonds d’investissement (fonds communs, FNB, fonds distincts) et met un accent accru sur la transparence des coûts, tant dans le secteur des valeurs mobilières que celui de l’assurance.
Les impacts clés pour les sociétés de gestion de patrimoine
- Des exigences de données accrues
La plupart des firmes disposent de rapports solides sur les frais directs et la rémunération, mais le TCR exige beaucoup plus. Il faut maintenant des données précises sur les coûts au niveau des fonds, les frais intégrés et des estimations du coût total par produit. Cela implique d’accéder à des données provenant de multiples sources, de les valider et de les agréger — ce que plusieurs firmes n’ont jamais fait dans leurs systèmes de rapports clients. - Une pression sur les infrastructures de rapports
Les systèmes hérités, surtout ceux construits autour de CRM2, ne sont pas toujours adaptés à cette nouvelle phase. Il faudra investir dans les canaux de données, les moteurs de calcul de performance et les modules de production de rapports. L’intégration fluide et à grande échelle de ces éléments est un défi, surtout à l’approche des échéances réglementaires. - Des conversations plus complexes pour les conseillers
Avec la divulgation complète des frais, les clients auront des questions. Les conseillers devront être prêts à expliquer la valeur de leurs services et la performance globale. Les firmes doivent leur fournir les bons outils, une formation adaptée et du contexte pour appuyer ces discussions. C’est une occasion de renforcer la perception de la valeur du conseil au-delà du simple coût. - Surveillance accrue et confiance du client
Ces nouvelles divulgations deviendront une norme de référence. Les firmes qui sous-estiment les frais ou manquent de précision s’exposent non seulement à des sanctions réglementaires, mais aussi à une perte de confiance. L’exactitude et la clarté seront aussi importantes que les chiffres eux-mêmes.
Comment les firmes peuvent se préparer
- Commencer par un audit des données
Dressez l’inventaire de vos données sur les coûts : où se trouvent-elles? Quels sont les manques? Dépendiez-vous de fournisseurs externes pour les RFG et les coûts de négociation? Avez-vous un plan pour intégrer et normaliser ces données? Collaborer avec des fournisseurs de données tiers ou des systèmes de gestion de portefeuille spécialisés peut combler les lacunes critiques. - Moderniser l’infrastructure technologique
Les firmes doivent évaluer si leurs systèmes actuels peuvent produire des rapports conformes au TCR, et le faire de façon efficace à grande échelle. Recherchez des solutions offrant des capacités de livre d’enregistrement des placements (IBOR) pour consolider, en un point central, les données de portefeuille, les transactions et les métadonnées de coûts. - Impliquer les conseillers dès maintenant
N’attendez pas. Donnez-leur des guides, des exemples de relevés TCR, des scénarios pratiques. Plus ils seront préparés, plus la transition se fera en douceur — tant pour eux que pour les clients. - Tester, tester, tester
Il ne faut pas attendre à la dernière minute. Commencez dès maintenant à tester la production de relevés et les flux de rapprochement. La validation des calculs de coûts et leur alignement avec les données des fonds sont essentielles à la conformité et à la précision.
Une opportunité stratégique
Le TCR représente des défis réglementaires et opérationnels immédiats, mais il ouvre aussi une porte. La transparence renforce la confiance, et les firmes capables d’expliquer clairement la valeur qu’elles apportent par rapport aux coûts auront un avantage.
Je crois même que ce changement peut, à long terme, solidifier les relations client. Un client qui comprend ce qu’il paie — et pourquoi — est plus enclin à reconnaître la vraie valeur du conseil professionnel, d’une planification stratégique et d’une gestion à long terme. Pour les sociétés canadiennes de gestion de patrimoine, les 18 prochains mois demanderont des investissements, de la collaboration et un plan clair. Mais bien géré, le TCR ne sera pas simplement une case à cocher. Ce sera une occasion de se démarquer avec clarté, rigueur et une approche centrée sur le client dans cette nouvelle ère de l’investissement.

